Noir sirène
Au mois de juin de l’année 2016, je m’envolais pour la Norvège afin de réaliser un voyage touristique. Quelques années plus tard, j’ai créé la série Noir sirène en revenant vers ces images pour y éteindre la lumière du soleil de minuit. J’ai transplanté ces paysages dans le territoire de Métabetchouan-Lac-à-la-Croix, une petite localité riveraine que j’habite dans la province du Québec, au Canada. J’ai choisi avec soin plusieurs lieux extérieurs d’exposition, parfois près l’un de l’autre, parfois éloignés, mais toujours réfléchis pour donner un corps à l’image exposée et dialoguer avec elle. Pour une durée de trois mois, les passantes et les passants, grâce à une signalétique discrète mais réfléchie, étaient invités à visiter chacune d’elles à toute heure.
Nous traversons sans cesse les mêmes paysages, familiers, rassurants. Mais peut-être que dans cette habitude, oublions-nous de nous arrêter pleinement pour les regarder ? Peut-être les tenons-nous pour acquis, jusqu’à ce qu’un arbre qu’on a vu grandir s’effondre, jusqu’à ce que la maison, au bout de la rue où un ami habite, flambe. Nous ne sommes pourtant pas toustes aveugles. Qu’est-ce qui attire donc notre regard au point de sacrifier ce qui nous entoure ?
Alors, transplanter un paysage inconnu dans le paysage connu pour tenter d’éveiller ce regard au présent. Rendre cet autre paysage lointain si délicatement perceptible que le regard s’arrête. Pas à cause de sa lumière, mais davantage parce que se noie dans le noir ce que nous nous attendions d’y voir. Ce qui est emporté dans le brouillard des images agit peut-être comme une alarme.
2019
Photographies numériques
Impressions latex sur papier peint
Structures autoportantes en bois
Noir sirène 02
Champ en bordure de la route
12×8′
Noir sirène 08
Sentier dans la forêt marécageuse
3×5′
Noir sirène 18
Abîme du kettle géant
6×12′
Noir sirène 17
Littoral de l’immense lac
4×6′
Noir sirène 21
Arboretum à l’heure doré
10×7′
Noir sirène 16
Arboretum à l’heure bleu
10×7′